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SAINT-COUTANT EN 1917

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Jules Martin-Buchey est né en 1850 à Châteauneuf-sur-Charente, dans le département de la Charente. Professeur d'histoire, il a enseigné au lycée privé Saint-Paul à Angoulême.

Il est l'auteur de la La géographie historique et communale de la Charente, ouvrage de trois volumes qu'il a écrit entre 1914 et 1917 pendant la Première Guerre mondiale. Cet ouvrage couvre l'histoire et la géographie de la totalité des 426 communes de la Charente d'alors, avec une introduction sur l'histoire et la géographie du département. Cette œuvre reste encore aujourd'hui une référence parmi les communes et les historiens du département.


Jules Martin-Buchey est mort en 1918, à l'âge de 68 ans.



Chapelle CHABOSSANT

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SAINT-COUTANT
1917
et images d'hier et d'aujourd'hui

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Eglise de SAINT-COUTANT

Superficie = 1940 h. 49 ; 
Population = 544 habitants.



Château de PUYBAUTHIER
commune de SAINT-COUTANT



La commune de Saint-Coutant est proportionnellement l'une des moins peuplées du canton ; on n'y trouve en effet que vingt-huit habitants par kilomètre carré. C'est également l'une de celles où l'on rencontre le plus de terres incultes et, bien que l'agriculture y soit également en progrès, la superficie des terres en friche atteint encore près du sixième de la surface totale. Si l'on ajoute à cela que les bois couvrent une superficie à peu près égale, on peut se rendre compte de l'effort qui serait nécessaire pour mettre en valeur toutes les terres actuellement sans culture. 

Fontaine de Chez-CHAPELAUD

Cependant l'élevage du bétail, principalement des bœufs limousins, favorisé par l'établissement de bonnes prairies, commence à se développer dans de bonnes conditions.

Deux petits cours d'eau, l'Argent et l'Or, séparés par un haut plateau aride, prennent leur source dans la commune et vont se rejoindre dans la commune de Champagne-Mouton. L'Argentsort, dans l'extrême sud de la commune, d'un petit étang, près du hameau de la Jougrée et pénètre presque aussitôt dans la commune de Vieux-Cérier. L'Or, prend sa source au pied du petit bourg de Saint-Coutant, et sépare la commune des communes voisines de Vieux-Cérier et de Champagne-Mouton avant de pénétrer dans cette dernière.

L'industrie est représentée par une minoterie importante, appartenant à l'honorable maire de la commune, M. Fernand Gervais, et par la tuilerie de M. Enixon, à la Réchaudrie. On trouve également dans la commune des carrières de pierre à chaux.

La commune de Saint-Coutant est desservie par la ligne d'intérêt local d'Angoulême à Confolens et par la route de Champagne- Moutonà Confolens (route départementale n° 7 de Confolensà Melle), qui la traverse de l'ouest à l'est. Un chemin d'intérêt commun se détache de cette dernière route et se dirige vers Ambernac. La route de Champagne-Moutonà Benest dessert le nord de la commune.
Fontaine du lavoir
de la RECHAUDIE


Le bourg de Saint-Coutant (18 hab.), situé à quatre kilomètres nord-est de Champagne-Mouton et vingt kilomètres de Confolens, ne mérite aucune mention particulière. C'était autrefois le siège d'une châtellenie qui com prenait également le village du Fresny et qui appartenait au dix-septième siècle à René de La Rye, chevalier.

Au dix-huitième siècle la châtellenie de Saint-Coutant passa aux mains de la famille de Moneys, qui possédait également la terre d'Ordières dans la paroisse voisine de Benest. Le seigneur de SaintCoutant avait droit de haute justice et tenait généralement ses assises au lieu noble de Fresny.

L'église de Saint-Coutant, insignifiante par elle-même, avait pour annexe, dès les premières années du quatorzième siècle, la petite paroisse de la chapelle Chabossant, située près de la route d'Ambernac.


Intérieur de l'église


Bien qu'étant en ruines, la chapelle Chabossant est encore intéressante. Elle se compose d'une simple nef, qui n'a jamais dû être voûtée, et d'une abside voûtée en demi-coupole et couverte en pierres plates imbriquées. On voit encore dans le sanctuaire des restes de peintures décoratives pouvant remonter au treizième ou au quatorzième siècle.

Cette chapelle était encore consacrée au culte à la fin du dix huitième siècle. Plusieurs familles nobles de la contrée y avaient leur sépulture.

A peu de distance de la chapelle Chabossant, on rencontre les ruines, de l'ancien prieuré de Fontereuse, qui est signalé dans le pouillé du diocèse de Poitiers de 1315. Il n'en reste debout qu'un ancien bâtiment, construit en pierres de taille, dont les fenêtres, longues et étroites, sont en plein cintre et sans ornements.

Ce prieuré devait être abandonné au dix-huitième siècle ; car à cette époque on trouve, à Fontcreuse, un petit fief, appartenant à la famille Angely, dont un membre, capitaine de vaisseau, prit une part glorieuse aux guerres d'Espagne.



Restes du prieuré de FONTCREUSE

Au nord de la commune, dans une situation pittoresque, au sommet d'un coteau qui domine la vallée de l'Or, se dresse le château de Puybauthier, construit sur l'emplacement d'un château plus ancien qui dépendait de l'abbaye de Nanteuil.

C'était, dès le quatorzième siècle, la propriété de la famille Prévost Sansacde Lavauzelle, qui en conserva la possession jusqu'à la Révolution. Le château de Puybauthier appartient aujourd'hui au colonel Vallantin.



Parmi les nombreux hameaux disséminés sur l'étendue de la commune, nous citerons : Chez-Ganivet (65 hab.) et Chez-Bancha- raud (24 hab.), sur la route de Champagne à Benest ; le Fresny (46 hab.), près du bourg ; la Réchaudrie (59 hab.), sur la route de Confolens ; la Touche (44 hab.), au sud du bourg ; l'Age (32 hab.), sur la route d'Ambernac ; Fontcreuse (38 hab.), où l'on voit les restes du prieuré dont nous parlons plus haut ; Chez-Chapelaud (34 hab.), près de la chapelle de Chabossant ; Fontbaraud (15 hab.), près de la route de Saint-Laurent de Céris ; la Jougrée (17 hab.), près de la source de l'Argent, etc. etc.






CPA : collection Bernard MOREAU 
Photos : YM
Sources : Géographie historique et communale de la CHARENTE tome 3e - arrondissements de CONFOLENS - RUFFEC - 
Remerciements à Bernard MOREAU et au propriétaire de l'ancien prieuré et du champ de la fontaine de FONTCREUSE, ainsi que le propriétaire du four à pain de la RECHAUDIE.

Le prieuré et la fontaine de FONTCREUSE sont sur une propriété privée.



Eglise de SAINT-COUTANT
Ancienne porte du prieuré de FONTCREUSE








Restes du prieuré de FONTCREUSE




Fontaine de FONTCREUSE


Lavoir de la RECHAUDIE

Four à pain de la RECHAUDIE
château de PUYBAUTHIER
commune de SAINT-COUTANT





Saint-Coutant - La chapelle de Chabossant :

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 Prieuré de FONTCREUSE



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ALLOUE 
1917
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AMBERNAC
1917
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SAINT-GERVAIS
1917
et images d'hier et d'aujourd'hui





LE VIEUX-CERIER - NOUVELLES AVANCEES

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NOUVELLES EN PHOTOS
DU VIEUX-CERIER :

LE CHANTIER AVANCE !



Première éolienne entièrement montée


FIN DE JOURNÉE SUR LE CHANTIER
(Dimanche 8 novembre 2015)















Photos : Josette HOFFMAN pour alloueblogspot





ALLOUE AUTREFOIS

CHARENTE - LA GRANDE GUERRE

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CHARENTE

LA GRANDE GUERRE
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LA MOBILISATION

Des militaires originaires d'Alloue
dont Henri (Narcisse) POIRIER

Au cours des derniers jours de juillet 1914, en Charente comme partout ailleurs en France, l'anxiété était générale. Les complications diplomatiques survenues à la suite de l'attentat de Sarajevo menaçant de conduire à une conflagration générale, on vivait dans l'attente fiévreuse des nouvelles. On suivait pas à pas la marche des événements qui semblaient se précipiter d'une manière redoutable.

Cependant, on espérait, on voulait croire encore que les efforts du gouvernement et des hommes politiques français, secondés par ceux des gouvernements amis, parviendraient à éviter la terrible calamité. Cet espoir fut malheureusement déçu.

Devant l'intention obstinée des Empires centraux d'en arriver à un conflit armé, toutes les tentatives de conciliation échouèrent et l'irréparable s'accomplit.

L'ordre de mobilisation fut accueilli chez nous comme dans tout le reste du pays avec une mâle résolution.


Pierre TRILLAUD (Grand-Père)

Dès la première heure, les territoriaux partaient pour aller surveiller les voies ferrées de la région et particulièrement les ouvrages d'art comme les tunnels d'Angoulême et de Livernan et le viaduc de Charmant.

Le lundi, 3 Août, par trains spéciaux venus de toutes les directions débarquaient à Angoulême, les hommes appartenant aux premières classes mobilisables et qui, à ce titre, devaient rejoindre immédiatement leur dépôt.

Peu après, le 107e régiment d'infanterie et le 307° de réserve, puis nos régiments d'artillerie, équipés sur le pied de guerre, quittaient leurs casernements pour se rendre aux gares, au chant de la Marseillaise, au milieu des ovations de la foule émue.







Camp de LA BRACONNE



LES RÉQUISITIONS



Le jour même du départ des premiers mobilisés, le 3 Août 1914, dans chaque canton, sur la place principale du chef-lieu, se trouvaient rassemblés et groupés par communes, les propriétaires venus pour présenter à la commission de réquisition tous les véhicules, chevaux et mulets (avec accessoires et harnachement) en leur possession. 

Famille SOULAT

Chacun, à l'appel de son nom, s'avançait. Le jury, après examen, retenait ou réformait, suivant leur état, bêtes et objets. Dans le premier cas, un prix était fixé séance tenante; les véhicules et les harnais étaient remisés dans un coin de la place et les animaux conduits devant un maréchal-ferrant qui, requis pour la circonstance, marquait au sabot, d'une empreinte au fer rouge la bête dont le changement de maître se trouvait ainsi consommé. Plus d'une fois, on pouvait surprendre un brave cultivateur, ému jusqu'aux larmes au moment de se séparer de son fidèle compagnon de labeur, le caressant amicalement et même l'embrassant affectueusement sur les naseaux avant de le remettre aux mains du territorial chargé de le conduire au parc installé à l'extrémité de la place.

Le soir même, des détachements étaient formés avec le concours des territoriaux mobilisés à cet effet, et dirigés, les uns sur Angoulême et les autres sur Limoges.




Par la suite, plusieurs autres réquisitions d'animaux eurent lieu dans la même forme; mais elles furent loin d'avoir la même importance, en raison de ce que la première opération de ce genre avait enlevé la plus grande partie des animaux utilisables pour l'armée.

Pour le ravitaillement le droit de réquisition n'eut guère à s'exercer en Charente, les offres amiables ayant suffi aux besoins en blé, avoine, paille, fourrages et denrées diverses..

Les couvertures militaires furent même avec le plus louable empressement, offertes en don ou prêtées à titre gracieux. 




L'ORDRE PUBLIC





Aussitôt la mobilisation ordonnée et l'état de siège proclamé, un service d'ordre et de surveillance fut organisé dans toutes les localités avec le concours de la garde civique. Des postes furent installés aux carrefours des routes; les rues demeuraient éclairées pendant la nuit. Les gardes, sanglés de leur ceinturon, armés du revolver d'ordonnance, avaient pour mission d'arrêter les véhicules afin de vérifier l'identité des voyageurs de passage dans la localité. 

Famille SOULAT

Des bruits alarmants circulaient au sujet de tentatives malveillantes qui auraient été dirigées contre les voies ferrées, contre la poudrerie d'Angoulême ou la fonderie de Ruelle. Chaque jour, des automobiles suspectes étaient signalées. Bref, nos braves gardiens avaient fort à faire et, on peut bien le dire, n'étaient pas sans inquiétude.

Toutefois, au bout de quelques jours, cette effervescence se calmait; au point que la libre circulation était rétablie; la garde civique fut relevée par la gendarmerie jugés suffisante à la tâche. 










LE RAVITAILLEMENT LOCAL. 
LES RESTRICTIONS. 




Au début des hostilités, la situation troublée dans laquelle le pays se trouve subitement plongé amène une profonde et rapide perturbation dans la vie économique de la population. 
Le Petit Journal Agricole
N° 1108 7 octobre 1917

Craignant que certaines denrées d'importation viennent à manquer, plusieurs égoïstes font, dans les épiceries et les divers magasins d'alimentation une véritable rafle de sucre, de conserves, de café, etc. Par suite de l'arrêt à peu près complet de tout trafic, les farines menacent de faire défaut dans les boulangeries. Mais, un peu partout, les municipalités avisent : grâce à leur vigilance, toutes les difficultés sont surmontées et dès lors, le ravitaillement s'effectue régulièrement. Les accapareurs timorés en sont quittes pour épuiser peu à peu-et à la longue, le stock de provisions qu'ils ont inconsidérément accumulées.

Toutefois, une hausse générale se manifeste sur tous les produits, hausse qui d'ailleurs, la spéculation s'en mêlant, ira en s'accentuant de plus en plus. De sorte que si l'on ne souffre pas, à proprement parler, au début du moins d'une pénurie dans les approvisionnements, on ne tarde pas, par contre, à éprouver les inconvénients de la "vie chère".

Peu à peu cependant, les exigences de la défense nationale d'une part, d'autre part les effets de la guerre sous-marine qui gêne le trafic maritime et contrarie ainsi le ravitaillement normal du pays, déterminent la raréfaction des produits d'importation et bientôt le gouvernement se voit dans l'obligation d'inaugurer un régime de rationnement dans la consommation de certaines denrées : pain, sucre, pétrole, essence, charbons, etc. Ces restrictions sont courageusement acceptées et supportées par la généralité des populations charentaises qui en comprennent d'ailleurs la nécessité. 



 


L'AGRICULTURE


Le Petit Journal Agricole
N° 1111 21 octobre 1917




Le Petit Journal Agricole
N° 1116 25 novembre 1917
Lorsqu'au mois d'août 1914, les travailleurs des champs abandonnèrent la charrue pour voler au secours de la patrie menacée, la moisson était à peine commencée. Eux partis, qu'allait-il advenir ? Comment les femmes, les enfants, les vieillards qu'ils laissaient derrière eux, allaient-ils pouvoir rentrer les récoltes sur pied ? Leur serait-il possible d'assurer à eux seuls une tâche dont l'accomplissement exigeait en temps normal le concours des robustes bras des absents ?

C'est alors qu'on vit se produire dans toutes les localités du département, un admirable mouvement de solidarité. Encouragés par les municipalités, des citoyens dévoués prennent l'initiative de provoquer la formation d'équipes de volontaires qui vont offrir aux cultivateurs dans l'embarras, leur concours bénévole. Grâce à cette aide précieuse, la moisson est achevée et la récolte rentrée, puis battue. C'est ensuite la vendange qui est également menée à bonne fin par le même procédé ! Les absents peuvent se rassurer désormais : il y aura du blé dans le grenier et du vin au cellier. La récolte aura même été abondante. N'était cette guerre maudite, l'année serait excellente.

Cependant, une nouvelle année agricole commence. La terre, à peine dépouillée de ses fruits, réclame de nouveaux soins en vue de la récolte prochaine. On ne doit pas compter sur le concours permanent des citoyens dévoués qui ne peuvent, tout de même, pas abandonner leurs affaires personnelles, pour continuer leur collaboration à la culture.

Les femmes s'arment de courage : les maris, les frères ne sont plus là pour labourer. Et bien ! ce seront elles qui dirigeront la charrue. Et maintes fois on peut observer cette scène bien digne de tenter le pinceau d'un artiste : pendant qu'un jeune enfant excite de l'aiguillon deux boeufs puissants attelés à la brabant, la mère elle-même surveillant la marche de la machine tout en tricotant des chaussettes ou des genouillères pour le cher absent qui en a tant besoin dans l'humide et froide tranchée. Et c'est ainsi que grâce à la vaillante énergie des femmes et des enfants de nos cultivateurs peu de terres sont demeurées en friche.


Le Petit Journal Agricole
N° 1099 29 juillet 1917


Toutefois, ce beau dévouement n'obtint pas tout d'abord la récompense qu'il méritait : par suite de malencontreuses intempéries, la récolte de 1915 se trouva inférieure à la moyenne.

Comment, dès lors, se montrer surpris de ce que certaines campagnardes, voyant la guerre se prolonger et lassent de l'effort exagéré qu'elles avaient fourni l'année écoulée, se soient découragées au point de laisser une partie de leurs champs incultes ? Il est toutefois à remarquer que, dans notre région, l'étendue des terres ainsi abandonnées sans culture a été plutôt restreinte. La plupart des travailleurs des champs redoublèrent au contraire d'efforts, encouragés d'ailleurs par le prix toujours croissant et fort rémunérateur des denrées et productions agricoles qui leur permettaient de voir augmenter leurs profits dans des proportions considérables. 




Le Petit Journal Agricole
 N° 1100 5 août 1917





L'INDUSTRIE


Le Petit Journal Agricole
N° 1065 3 décembre 1916
La petite industrie subit, dès le début des hostilités, le contrecoup de la guerre. Beaucoup d'ateliers de bourrellerie, de cordonnerie, de maréchalerie, de serrurerie, de charpenterie, de menuiserie, etc., furent fermés par suite du départ des patrons et des ouvriers. Ceux qui subsistèrent, le patron n'étant pas mobilisable, prirent, par voie de conséquence, une extension considérable. Ils accueillirent les apprentis devenus disponibles et parvinrent à suffire tant bien que mal aux besoins des clients.

A la faveur des circonstances, la grande industrie prit en Charente, un essor inconnu jusqu'alors. Toutes les usines privées : papeteries, tréfileries, fabriques de feutre, ateliers, forges et fonderies de quelque importance furent transformés en établissements métallurgiques travaillant nuit et jour, grâce à la main-d'oeuvre militaire, féminine et indo-chinoise, à la fabrication des armes et des munitions de guerre. La poudrerie d'Angoulême et la fonderie de Ruelle acquirent un développement considérable, arrivant à grouper chacune plus de dix mille ouvriers ou employés. Angoulême vit sa population approcher du chiffre de cent mille habitants



Le Petit Journal Agricole
 N° 1087 8 mai 1917



LE COMMERCE



Au cours de la mobilisation qui s'échelonna sur plusieurs semaines, l'Etat ayant réquisitionné les moyens de transport pour satisfaire aux exigences de la défense nationale, tout trafic commercial se trouva suspendu, entre particuliers du moins. ,

Toutefois, les débits et restaurants d'Angoulême et ceux des autres localités de la Charente où furent établies des garnisons temporaires : Cognac, Jarnac, Ruffec, Confolens, Roumazières, Nersac, La Couronne, Roullet, etc., virent le chiffre de leurs affaires s'élever considérablement grâce à une clientèle extraordinaire fournie par les militaires et les ouvriers et employés des usines de guerre.

Quant au commerce des spiritueux qui, en temps normal, constituait le commerce charentais par excellence et s'effectuait presque exclusivement avec l'étranger, il tomba tout d'abord dans le marasme le plus, complet en raison de la réquisition des chemins de fer. Mais par la suite, il reprit une nouvelle activité et devint même très florissant, l'armée offrant un puissant débouché aux produits locaux. 






ATTITUDE PATRIOTIQUE DES POPULATIONS


Pendant les premières semaines de la guerre surtout, les populations suivirent avec une fiévreuse anxiété, la marche des événements. On s'arrachait littéralement les journaux apportant les nouvelles. Les commentaires allaient leur train : notre brillante offensive d'Alsace, d'après certains, permettait ]es plus beaux espoirs. D'ailleurs, on se montrait généralement optimiste; malheur à ceux qui essayaient de faire de timides réserves et de jeter un peu d'eau froide sur ce bouillant enthousiasme ! Ils étaient vertement rabroués. Mais malheur surtout aux quelques étrangers (certains employés suédois (1) entre autres) qui osaient manifester intempestivement leur sympathie pour nos ennemis ! Ils étaient énergiquement rappelés à la pudeur par le public et par leurs patrons eux-mêmes. 




ALLOUE : 
Souvenir de la guerre 1914-18 - l'abbé ALEXANDRE  


Mais vinrent les événements de Mons et de Charleroi, suivis de la retraite générale de nos troupes, retraite qui amena l'invasion du territoire et la marche foudroyante de l'ennemi sur Paris. Alors l'inquiétude fut à son comble. Est-ce que ce serait encore une fois la défaite, comme en 1870 ? On ne pouvait, on ne voulait pas admettre comme possible une telle calamité. Malgré tout, on espérait ; on faisait confiance à la vaillance de nos combattants et à la science de leurs chefs. Toutefois, au fond, on n'était guère rassuré. 

D'ailleurs, aux angoisses patriotiques de tous, se mêlait l’inquiétude personnelle de certains, au sujet d'un mari, d'un fils, d*un frère ou d'un fiancé dont on était sans nouvelles (2).

Alors eut lieu le rétablissement de la Marne dont la nouvelle fut accueillie avec un immense soulagement suivi d'un enthousiasme bien légitime lorsqu'on apprit que l'envahisseur était non seulement arrêté, mais encore repoussé, refoulé dans la direction de la frontière. On s'imaginait déjà nos braves "poilus" reconduisant, au pas accéléré, jusqu'au Rhin, les barbares. Aussi, la déconvenue de tous fut profonde lorsqu'on apprit que l'ennemi s'accrochait avec opiniâtreté à ce sol de France dont on l'avait déjà cru expulsé. 




Camp de LA BRACONNE


A la longue, en raison de la monotonie des opérations militaires, inhérente à la guerre de positions, l'effervescence se calma peu à peu pour ne se réveiller que de temps à autre, à certains moments critiques. Alors, on voyait se reproduire les mêmes alternatives d'anxiété et de fierté joyeuse et patriotique, notamment lors de la bataille de l'Yser, de l'offensive de Champagne en 1915, à l'occasion de la glorieuse défense de Verdun et surtout à l'époque de la ruée allemande de 1918, et de la seconde victoire de la Marne (3).



Famille TRILLAUD




Mais si les préoccupations d'ordre militaire sont plutôt affaire aux hommes, les femmes n'en surent pas moins, tout en demeurant dans leur rôle tout de sensibilité et de compassion, montrer de la manière la plus active et la plus efficace, leur patriotique intérêt pour le succès de notre juste cause.

Dès le début des hostilités se fondaient de toutes parts, en Charente comme partout en France, des oeuvres d'assistance militaire : hôpitaux temporaires et bénévoles avec le concours de médecins et d'infirmiers volontaires et grâce aux subsides et aux dons manuels de généreux souscripteurs; "Linge du soldat" , "Tricot du soldat", oeuvre des "Filleuls", comité d'assistance aux prisonniers de guerre, etc., etc.



Si nous rappelons maintenant le succès des différentes "Journées" organisées en Charente grâce au zèle des quêteuses et quêteurs le succès de la "collecte de l'or", celui des divers emprunts, l'accueil chaleureux fait aux réfugiés françaisou étrangers, l'empressement, en toute circonstance, des populations charentaises y compris les enfants des écoles qu'on sut associerà toutes ces oeuvres patriotiques, nous pourrons conclure avec une bien légitime fierté qu'au cours de cette longue et terrible guerre la tenue des Charentais, grands et petits, a été irréprochable. En Charente comme partout, on a su se montrer dignes de ceux qui souffraient et qui versaient leur sang pour le pays. Ici comme partout, on a su attendre, avec une confiance inébranlable, le résultat final de la lutte gigantesque, résultat dont on n'a douté à aucun moment. Enfin, ici comme dans tout le pays, on a su mériter la victoire qui est venue couronner les efforts de nos héroïques défenseurs. 


L'ARMISTICE






Avec quels transports d'enthousiasme fut accueillie la nouvelle de l'armistice qui amenait la fin heureuse du terrible cauchemar ! 




Maurice MOREAU
 fils d'Amélie et cousin
de la famille POIRIER






De toutes parts, l'événement fut célébré par des manifestations et des réjouissances publiques : sonneries de cloches, feux de joie, etc. On allait enfin revoir les chers absents retenus depuis si longtemps éloignés de leurs foyers par le devoir suprême. 















LE RETOUR DES MOBILISES



Peu à peu, en effet, rentrerait au pays nos braves combattants : d'abord les anciens et les prisonniers rapatriés, puis ceux des classes plus jeunes. Les régiments de la Charente firent une entrée solennelle à Angoulême, au milieu des acclamations de la population accourue pour leur faire fête.

Mais tous ne rentraient pas, hélas ! Car bon nombre avaient payé de leur vie leur dévouement à la Partie. Et, au champ même du carnage, dans ce coin de France où ils avaient si longtemps lutté et souffert, où ils avaient succombé, leur glorieuse dépouille reposait en attendant le jour où elle serait ramenée au pays natal pour y dormir le dernier sommeil dans la sépulture familiale. 



LA PAIX - CONCLUSION




La France, grâce à l'héroïsme de ses enfants et au concours de ses alliés, est donc sortie victorieuse de cette lutte gigantesque. Au mois de juin 1919, nos ennemis se sont vu imposer une paix stipulant, entre autres conditions, le retourà la mère patrie de nos provinces perdues en 1871

Le Petit Journal Agricole
N° 1087 6 mai 1917
Reste maintenant à panser les plaies de la France glorieuse mais épuisée et meurtrie par la perte d'un million et demi de jeunes et robustes existences, par l'affaiblissement dans leur santé et leur vigueur d'un plus grand nombre encore de ses enfants malades, blessés ou mutilés, par la dévastation d'une partie de son territoire et par le poids écrasant d'une dette contractée à l'occasion de la guerre.

C'est là une oeuvre formidable, pénible et de longue haleine qui exigera, de tous les Français, non seulement de ceux de la génération actuelle, mais aussi de ceux de la génération qui suivra, des efforts immenses et soutenus.

Les Charentais, qui ont su faire vaillamment leur devoir pendant la guerre, ne failliront pas, pour leur part, à cette nouvelle tâche.






G. Mancaud, Directeur d'école à Cognac. Mai 1923





(1) Les commerçants charentais en spiritueux emploient beaucoup d'étrangers pour leur commerce d'exportation.

(2) Le 28 août 1914 avait eu lieu le combat de Bapaume où le 507" d'infanterie avait été abîmé et où beaucoup de Charentais appartenant à ce régiment avaient été faits prisonniers.

(3) L'entrée en guerre de l'Italie, puis celle de la Roumanie, enfin et surtout' l'intervention américaine furent célébrées avec enthousiasme en Charente.




Le Petit Journal Agricole
N° 1145 16 juin 1918


Photos :
Famille POIRIER : collection Raymond POIRIER
Famille SOULAT : collection Yvette SOULAT
Famille TRILLAUD : collection Annette MORINAIS
Souvenir de la guerre 1914-18 - l'abbé ALEXANDRE : collection Raymond POIRIER

CPA : collection privée 
Le Petit Journal Agricole : collection alloueblogspot
Source : Bulletin de la Société Charentaise des études locales mai 1923

Remerciements à : Annette MORINAIS, Raymond Poirier, Yvette SOULAT et Dominique RAPION.




Légendes des gravures du Petit Journal Agricole :



Le Petit Journal Agricole N° 1108 7 octobre 1917 :

Distribution de fourrages :

Les services de l'arrière ont besoin de paille et d'avoine pour la nourriture des chevaux employés aux transports.

Notre gravure représente dans un cantonnement à l'arrière, une distribution de paille et d'avoine.
Chaque conducteur emporte la ration destinée à son attelage, tandis qu'un officier pointe les quantités distribuées.


Le Petit Journal Agricole N° 1111 21 octobre 1917 :

En absence du mari : 

C'est la gloire de nos femmes françaises d'avoir su, en l'absence de leurs maris, cultiver et faire produire le sol. Malgré tous leurs efforts, leur abnégation et leur dévouement, elles n'ont pu, étant trop peu nombreuses et privées de presque tout moyen d'action, nous éviter les restrictions. Le pays tout entier se souviendra pourtant de leur vaillance et de leur noble conduite et on ne saurait trop répéter que les femmes de la terre ont bien mérité de la patrie.

Notre gravure représente une de ces vaillantes Françaises travaillant à la place de son mari qui se bat.



Le Petit Journal Agricole N° 1116 25 novembre 1917 :

Un attelage de guerre :

Les femmes de nos campagnes, depuis le début des hostilités, ont donné des exemples de courage et de ténacité qui ont fait l'admiration de tous. Partout, jusqu'au bout de leurs forces, elles ont tenu bon, remplaçant leur mari, sans souci des fatigues à supporter, des efforts à accomplir et pourtant souvent avec des moyens d'action insuffisants. Notre gravure représente une fermière à qui la réquisition a pris un de ses chevaux et qu'elle a remplacé avec un boeuf qu'elle accouple avec son autre cheval.

Pas toujours commode à conduire cet attelage de guerre



Le Petit Journal Agricole N° 1099 29 juillet 1917 :

Les enfants aux champs :

Depuis le début des hostilités on parle beaucoup de la main-d'oeuvre scolaire. Ce n'est d'ailleurs que depuis l'année dernière qu'on a fait réellement appel à son concours. Beaucoup de spécialistes étaient convaincus que les résultats ne seraient pas ce qu'on espérait et presque tous avaient la persuasion que les jeunes écoliers ne sauraient fournir un travail utile. Aujourd'hui la démonstration est complètement faite et partout où des jardins scolaires ont été créés les résultats sont excellents. Dans les campagnes, les cultivateurs qui ont employés des enfants les réclament cette année avec insistance et fondent les plus grands espoirs sur leurs concours. 

Notre gravure représente précisément des jeunes collégiens en train de retourner à la bêche le lot de terrain, qu'ils sont en charge de cultiver.


Le Petit Journal Agricole N° 1100 5 août 1917 :

Soldats agriculteurs :

Depuis quelques jours on parle de plus en plus du renvoi des vieilles classes et de leur mobilisation à terre.
D'ailleurs, depuis le commencement des hostilités, nos poilus de l'arrière sont occupés aux travaux des champs. Tour à tour, aux époques du labourage, des semailles ou des battages, des équipes ont été envoyées dans les campagnes.

Notre gravure représente précisément une de ces équipes qui vient de procéder à l'ensachage d'une céréale.
Espérons que cette année le nombre des équipes agricoles sera suffisant pour les battages soient terminés dans le plus bref délai.



Le Petit Journal Agricole N° 1145 16 juin 1918 :

Les poilus-faneurs :

Fourches et râteaux sur l'épaule, nos poilus vont remplacer les faneurs qui manquent au fermier et l'aider à retourner et à étendre son foin. 

Notre gravure représente une escouade s'en allant au travail. C'est l'image de ce qui s'est passé l'année dernière en plusieurs points du front et à l'arrière. C'est ce qui se renouvelle en ce moment encore malgré la violence de l'offensive et le besoin d'hommes à l'avant.

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FERME EOLIENNE DU CONFOLENTAIS

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FERME EOLIENNE DU CONFOLENTAIS 



CHANGEMENT DE DECOR


Champagne-Mouton - Entrée du bourg en direction d'Alloue

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Champagne-Mouton, Le Vieux-Cerier, 
Saint-Coutant






Route D 740 en direction d'Alloue


























Champagne-Mouton


















Saint-Coutant




Saint-Coutant - Chapelle Chabossant




Saint-Coutant - Chapelle Chabossant








Entre Saint-Coutant et Le Vieux-Cerier






Sur la D740 en direction de Champagne-Mouton








Sur la D740 en direction de Champagne-Mouton






Départ de la grue LMT 11200 du site du Vieux-Cerier






Photos : YM le 25/11/2015







1 commentaire déposé sur le blog :

le 26 novembre 2015 18h
De très belles photos (hélas) ... alors que nous n'avions vraiment pas envie de changer de décor dans un paysage aussi tranquille. Comment peut-on parler de "ferme éolienne", c'est un sacrilège de plus.
Josette Hoffmann

ALLOUE AUTREFOIS


ALLOUE - SOUVENIRS D'ENFANCE

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Raymond POIRIER



Raymond POIRIER, est né à ALLOUE, le 17 février 1927 dans la maison familiale de la VIEILLE RUE. Il y passe son enfance avec ses parents, Georges POIRIER et Anna (née MARCHADIER) ainsi que son frère Jean et sa sœur Marie-Claire.


Raymond POIRIER nous conte ici, la suite de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence à "ALLOUE", là, où il a toujours plaisir à se ressourcer chaque année, au cours de séjours occasionnels et de visites à sa famille et ses amis ; délaissant quelques temps l'Ile de Beauté (où il vit aujourd’hui), pour son village natal.


Certificat de communion solennelle
de la Paroisse d'ALLOUE vers 1920 signé :
S. Capel Vicaire



RAYMOND POIRIER : LE BOURG D'ALLOUE

Mes souvenirs d'enfance et jeunesse

4ème partie :

L'église, son curé, le catéchisme, 
l'enfant de choeur et les processions



Choeur de Notre-Dame d'ALLOUE
Ayant évoqué le souvenir de l’école, je pense aussitôt à son homologue religieux : l’église. Celle d’ALLOUE, qui se dresse en face de ma maison natale, s’affirme davantage qu’une quelconque chapelle campagnarde. Elle présente un réel intérêt sur le plan architectural, ne serait-ce que par son porche joliment sculpté. Les Beaux Arts s’en sont rendu compte, mais nous, enfants et même ados, n’en n’étions pas conscients. C’était pour moi un bâtiment plus imposant que nos habitations, où on ne pénétrait que tête nue, avec interdiction de jouer ou faire du bruit. En entreprendre l’escalade interne jusque dans le clocherétait classé dans la catégorie des expéditions hors du commun. Je me suis pourtant offert deux fois ce privilège.



Le curé d’ALLOUE que j’ai le mieux connu, à l’âge du catéchisme entre autres, se nommait Louis PRUNIER.

Si l’instituteur était angevinlui était vendéend’origine paysanne. C’était, disons-le tout net, un brave homme, d’un abord facile, dévoué et consciencieux. Personnage d’un robuste gabarit, il affichait naïvement un comportement se situant aux antipodes de ce qu’on appelle la nuance ou la légèreté. Il prêchait "à l’ancienne", avec force gestes qui se voulaient une démonstration vivante de l’art oratoire traditionnel, c’est-à-dire, en fin de compte nettement plus tapageur que convaincant. De plus, il chantait faux comme une casserole, ce qui était quand même gênant pour toutes les circonstances comportant hymnescantiques ou tout autre exercice vocal (GloriaSanctusDominus vobiscum etc. et j’en passe. L’ennui, c’est qu’il "en remettait" plus que de raison, semblant s’y complaire au lieu d’esquiver le plus possible ce que lui imposaient les rites des offices religieux. Il excellait à étirer les syllabes (fausses en l’occurrence), jusqu’à une longueur nullement escomptée par les tympans résignés de ses ouailles et il s’y appliquait avec conscience professionnelle déconcertante.

Au début ce fut assez pénible et puis avec le temps, nous nous y sommes habitués jusqu’à y devenir quasi indifférents. D’ ailleurs qu’y pouvions-nous faire ? Lui suggérer de se taire ? Proposition en fait peu envisageable. Nous avons donc fait avec et je ne m’en porte ni mieux, ni plus mal.


Clocher de Notre-Dame d'ALLOUE



Nous allions au catéchisme pendant une période donnée (deux ou trois fois par semaine peut-être) d’une heure à une heure trente, pendant la pause que nous laissait l’école pour le repas de midi. Nous rabâchions, avec un ensemble approximatif, des formules consignées dans notre petit livre. Exemple : 


« qu’est-ce que Dieu ?» Réponse automatique : « Dieu est un esprit, infiniment parfait, créateur et maître absolu de toutes choses » ou les commandements : « Un seul Dieu tu adoreras etc. » Succession de syllabes qui se déclamaient sur un ton intermédiaire entre le genre mélopée et le slogan d’une "manif ". Cela me fait penser à certains humoristes de naguère qui ont illustré cette ambiance dans les sketches tels celui de "La table de multiplication" où l’écolier peu brillant déclare : <<je ne sais pas les paroles mais je connais l’air>>. Nous étions censés posséder les réponses par cœur mais en fait, nous répondions en les lisant subrepticement sur le texte dissimulé dans notre "bonnet" (l’incontournable béret noir). Libérés sur le coup d’une heure vingt cinq, nous volions en direction de l’école. Si le prêtre nous relâchait quelques instants trop tard nous risquions, à l’arrivée, une remarque aigre-douce de la part de l’instituteur. (Mais les hostilités n’allaient pas plus loin).







A part cela je me souviens d’années lointaines où j’ai officié comme enfant de chœur, en compagnie de Jean BERNARD (Nono), je ne sais plus qui encore et Michel PAIN, notre aîné, qui assumait en somme le rôle d’ "Enfant de Chœur – en – chef".

Nous nous estimions satisfaits de sa façon de piloter notre petite équipe. Cela implique que nous ayons sous sa responsabilité de grand gamin, gobé quelques hosties et siroté (avec modération) des mini-lampées de vin de messe, discrètement. C’étaient des menus infractions qui ne nuisaient à personne et ne tiraient pas à conséquence.
Dans ce domaine, j’évoque encore une pratique disparue, je crois (pas seulement à ALLOUE), celle des processions, entre autres celle de l’assomption, (ou peut-être de la Fête-Dieu ?) Toujours est-il que ces jours-là, à l’issue de la messe, le prêtre escorté par les fidèles, quittait l’église pour un circuit pédestreà pas lents dans ALLOUE, avec trois ou quatre arrêts prévus aux lieux appelés "reposoirs" (sortes d’autelsérigés par des familles dévotes devant leur domicile) ils étaient constitués de draps tendus, piqués de roses et autres fleurs. L’officiant se déplaçait, revêtu de ses ornements, ostensoir en mains, sous un porté aux quatre coins par des hommes volontaires en la circonstance (parmi les rares occasionnels pratiquants masculins). Aux différents reposoirs on s’arrêtait le temps de prononcer les prières et formules d’usage en français ou latin.



Procession de communion à
ALLOUE dans les années 60



Les voituresétant peu nombreuses à l’époque, ces files de pieux piétons, occupant toute la largeur de la route (généralement en deux files) posaient peu ou pas de problèmes pour la circulation, ce qui ne serait plus le cas aujourd’hui – mais une fois entre autres un automobiliste, touriste ou non, a klaxonné pour qu’on lui accorde le libre passage sur la chaussée prévue à cet effet. << Ah ! il est bien pressé celui la>>, a lancé une voix scandalisée. Au cours de ces cérémonies les "chanteurs" se faisaient entendre durant la majeure partie du trajet : <<Dieu de clémence, Dieu protecteur, sauvez, sauvez la France, au nom du Sacré-Cœur… >> Sauvez de qui ? De quoi ? Me disais-je, un peu inquiet. Peut-être, vu la conjoncture du moment, était-ce d’une supposée menace du Front Populaire qui était alors au pouvoir, ou alors du "poison" diffusé avec des chansons érotiques (si l’on peut dire) de cette époque d’avant-guerre. Je m’attarde un peu sur ces processions parce qu’elles m’ont laissé un souvenir très vivace et plaisant : le parfum subtil et oriental des pétales de roses qu’à cette occasion les petites filles répandaient sur le bitume, puisant, avec des gestes de semeuses, dans leurs corbeilles enrubannées. Je trouvais, il est vrai, un peu dommage de sacrifier ainsi de délicates fleurettes pour finalement marcher dessus. Mais peu importe. Il reste la présence de ce suave parfum.




Raymond POIRIER

Août 2015



                                                                                 à suivre ...



Raymond POIRIER - Communiant vers 1938




Photo de Raymond POIRIER en 1938 : collection Raymond POIRIER
Photo du choeur de Notre-Dame d'ALLOUE : Dominique RAPION
Photo de procession de communion à ALLOUE dans les années 60 : collection Renée BELLICAUD
Photo du clocher de Notre-Dame d'ALLOUE : YM
CPA collection privée
Catéchisme en image : collection Raymond POIRIER
Certificat de communion solennelle de la Paroisse d'ALLOUE : collection Annette MORINAIS
Remerciements à Renée BELLICAUD, Annete MORINAIS et Dominique RAPION



Livre de catéchisme "Le catéchisme en image" de
Anna MARCHADIER (mère de Raymond POIRIER)
signé : Ph ALET vicaire d'ALLOUE 1908
Extrait du certificat de communion solennelle
de la Paroisse d'ALLOUE vers 1920 signé :
S. Capel Vicaire




Raymond POIRIER : souvenirs de mon enfance :












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METEOROLOGIE POPULAIRE CHARENTAISE

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François VINCENT inscrivait sur son registre météorologique, la météo quotidienne du Prat à ALLOUE , où il résidait. C’était son hobby, mais pas simplement un hobby, comme tout agriculteur soucieux de ses récoltes, François avait un don, devrait-on dire une connaissance et une pratique de la prévision du temps, qui contredisait souvent les prévisions des stations météo. Ses prévisions, il les scrutait dans le ciel chargé de cumulus ou autres nimbus, dans l’air du Prat, dans la lune, au lever et au coucher du soleil, dans le comportement des oiseaux et de ses animaux de basse-cour , le grincement habituel d’une porte à l’approche d’un changement de temps et bien sûr celui de ses os et de ses vieilles douleurs.

Toutes ces constatations, vérifiées par nos ancêtres, donnèrent naissance à une multitude de dictons populaires, à valeur de pronostique météorologique et parfois, ou souvent, contredit d’une région à une autre, laissant ainsi le loisir à chacun de faire "sa pluie et son beau temps ".

Voici donc réunis par Marc LEPROUX pour les Études Charentaises en 1969, les maximes de la "météorologie populaire charentaise" du mois de OCTOBRE .





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METEOROLOGIE POPULAIRE
EN CHARENTE



DECEMBRE





C'est l'hiver. Les travaux sont suspendus. L'homme a préparé et ensemencé la terre ; il a rempli le premier son rôle ; il attend qu'elle joue le sien, qu'elle le joue sans retard. Déjà, des indices permettent de prévoir ce que sera ce mois, car :

« Brumeux Octobre
« Pluvieux Novembre
« Font bon Décembre. »

Aussi la Première neige est-elle saluée avec joie car : 

« La neige au blé est bénéfice
« Comme au vieillard sa pelisse. »

Ce qui s'exprime d'une autre manière en disant : 

« Des neiges et un bon hiver 
« Mettent des biens à couvert. »

Par contre

« Clair Noël
« Claire javelle. »

Ce qui se dit encore : 

« Noël éclairé
« Beaucoup de paille et peu de blé. »

Aussi notre paysan n'aime-t-il pas les hivers trop doux car :

« Décembre de froid trop chiche 
«Ne fais pas le paysan riche. »

Tandis que :

« Décembre froid
« Donne au laboureur la foi. » (St-Estèphe, 1947.)

Du reste, si :

« L'hiver est surchargé d'eau 

« l'été en sera plus beau. » 

Ou

« Noël humide
« Greniers et tonneaux vides. » (Agris,1943)

Rien d'ailleurs ne sert d'avoir un hiver trop tardif puisque : 

« L'hiver n'est pas bâtard.
« S'il ne vient tôt, il vient tard. »

Ce qui se dit encore d'une manière tout aussi pittoresque : 

« A Noël au balcon,
« A Pâques aux tisons. » (Barbezieux, Rouillac.)

Ou encore :

« A Noël le moucheron
« A Pâques le glaçon. » (Agris. 1943.)

Et dans le Cognaçais

« Qui se soleilleà Noël, se chauffeà Pâques. » (Origène, 1945.)

Ce qui se dit à Eraville

« Qui se chauffe au soleil de Noël
« A Pâques brûle la bûche de Noël. »

Dans le Confolentais, où pourtant le climat est plus rude, on ne craint pas toujours les grands froids, car :
« Gélado d'avant nadaô                              « Gelée d'avant Noël
« Maïde centécus vaô. »                             « Vaut plus de cent écus. »

A Roumazières :
« Nadao ferra
« Paqué mouilla
« Rempli les granges 
« Maé lou sas. »

Mais

« Geladé de Nadao                                     
« Gelées de Noël,
« Degu ne so quo que vao. »                      
« Personne ne sait ce qu'elles valent . » 
Par contre :

« Geladé après Nadao                                « Gelées après Noël
« Pé un dernier né vao. »                           « Pas un denier ne valent. »




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Photos : YM
Etudes Charentaises Avril, Mai, Juin 1969 : collection alloueblogspot






LE CLIMAT DU CONFOLENTAIS

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En 1927, le Bulletin des Études Locales de la Charente, publia pour la première fois, uneétude scientifique, détaillée, réalisée par M. Leyraud, sur le climat du Confolentais. Cette étude, à l'heure de la conférence de Paris (COP21) sur le changement climatique, est une pièce à conviction à verser au débat sur le réchauffement de la planète et se situe en pleine actualité et au premier plan des éléments du constat, tel que chacun peut le percevoir à son niveau et en tirer ses propres conclusions sur l'avenir du climat du Confolentais


Alors ! 


                    A vous de juger - de comparer - et d'agir ...





Le Confolentais


LE CLIMAT DU CONFOLENTAIS





CLIMAT

Le climat, c'est la température, la force, la fréquence et la direction des vents, l'abondance ou la rareté des pluies, leur répartition suivant les saisons, l'état hygrométrique de l'air et sa nébulosité. Nous étudierons successivement chacun de ces éléments sans perdre de vue qu'ils sont en rapports étroits et réagissent sans cesse l'un sur l'autre. 




La Vienne à CONFOLENS


LA TEMPÉRATURE

La température d'un lieu dépend de la latitude, dela nature du sol, de l'altitude et de la proximité plus ou moins grande de la mer. Si la latitude influait seule, le Confolentais serait une contrée chaude puisqu'il est à peu près aussi voisin de l'équateur que du pôle ; mais la nature de son sous-sol et l'altitude viennent détruire l'influence de la latitude. En effet, le sous-sol, constitué par des roches granitiques, est presque imperméable. Il en résulte qu'après une période de pluies tant soit peu prolongée, le sol est gorgé d'eau. Le pays est, en outre, recouvert d'étangs, on en compte 62, disséminés dans 28 communes, — et arrosé par un grand nombre de ruisseaux et rivières : la Moulde, la Charente, la Graine, le Clair, la Vienne, etc.

L'évaporation qui se produit à la surface du sol le refroidit et en même temps refroidit la couche d'air qui le recouvre; ce refroidissement se communique à l'ensemble de l'atmosphère.

Le Confolentais est à une altitude supérieureâ 200 mètres et les hauteurs, au-dessus de 300 mètres ne sont pas rares : Montrollet, 366m, le point culminant du département ; Mazerolles, 345m ; Saint-Christophe, 314m; le Puy-Fiagnioux, 323m; le Puy Mérigou, 327m ... Or, à mesure que l’on s'élève au-dessus du niveau de la mer, la température diminue; elle baisse en moyenne de 1 degré pour 180m.



CONFOLENS - La place de La Fontorse - YM




Donc, si aucune autre cause ne venait influer sur la température, le Confolentais serait très froid. Mais il n'est pas éloigné de l'Océan Atlantique qui, comme chacun le sait, a le privilège d'adoucir et d'égaliser les températures. Il est évident que cette influence bienfaisante se fait moins sentir à-mesure que l'on, s'éloigne de la mer. C'est pourquoi le climat de la Charente est d'autant plus maritime, c'est-à-dire d'autant plus doux et plus égal et d'autant plus continental, c'est-à-dire d'autant plus inégal, plus froid ou plus chaud à mesure que l'on s'avance vers les frontières de la Charente-Inférieure ou que l'on se dirige vers les collines de Confolens.

Le sous-sol Confolentais est donc plutôt froid, moins que le Plateau Central parce que moins élevé et moins éloigné de la mer, mais beaucoup plus que le reste du département. 





ALLOUE - Le clocher et les toits sous la neige - YM




Les moyennes mensuelles des observations thermométriquesà Angoulême et à Confolens le prouvent. Voici ces moyennes pour l'année 1913 :





ALLOUE - La Charente à Vérines (1971) - YM




LES VENTS 




ALLOUE - Les Combes (27-12-99) - JV

D'une des provinces de Franceà l'autre, les mêmes vents généraux n'ont pas le même nom et il arrive que les mêmes noms changent de sens pour traduire des particularités locales.

Chaque région possède ainsi un lot de noms de vents qui lui sont communs avec d'autres et un lot de noms qui lui sont particuliers.

Ainsi, alors que dans l'Aveyron le vent d'ouest est appelé « le vent noir », clans le Confolentais on l'appelle le « pluvieux » et, dans la région situéeà l'ouest du Confolentais, c'est le « bas».

Dans le Confolentais, comme dans là plupart des régions de France persiste dans le parler populaire l'opposition entre la « bise » et le « vent». Le « vent», c'est le « pluvieux», vent d'ouest, le vent de la pluie comme son nom l'indique; tandis que la « bise», c'est le vent du nord, ce vent froid qui, l'hiver, souffle avec force et « coupe la figure des passants» et, l'été, soulève avec tant de force la poussière, tandis qu'en automne il fait tomber les feuilles jaunes des arbres. Cette distinction entre la « bise» et le « vent» amène dans la campagne des dialogues de ce genre :

Quel vent depuis trois jours !

Ce n'est pas du vent !

Non, ce n'est pas le vent puisque c'est la bise



ALLOUE - Tempête du 27 décembre 1999 - JV



Dans le Confolentais, on distingue encore deux sortes de vents : la « galarne» et l'« otto».

La galarne,



vent du nord-estest très froid l'hiver et très, chaud l'été. L'hiver, pour dire qu'il fait très froid, on dit : « C'est entre la bise et la galarne ! » L'otto est un vent de l'est très chaud l'été. Le pluvieux, est le vent dominant dans le Confolentais. Dans le tableau ci-dessous, nous donnons un relevé mensuel des jours pendant lesquels il a soufflé dans la région pendant l'année 1913 et l'année 1920

Mois et nombre de jours pendant lesquels le Pluvieux a soufflé :





En 1920, le vent du nord, c'est-à-dire la bise, a soufflé : 6 jours en janvier, 7 jours en février, 9 jours en mars, 0 jour en avril, 5 jours en mai, 6 jours en juin, 0 jour en juillet, 6 jours en août, 5 jours en septembre, 3 jours en octobre, 17 jours en novembre et 13 jours en décembre; soit, au total, 77 jours.

Le vent du nord-est, c'est-à-dire la galarne, a soufflé, dans la même année, 15 jours seulement.




ALLOUE - La Charente au Moulin de La Lande (1971) - YM



PLUIES
Le « pluvieux », vent d'ouest, apporte la vapeur d'eau de l'Océan Atlantique. L'atmosphère étant chargée de vapeur d'eau, il suffit d'une cause minime de refroidissement pour déterminer les précipitations. C'est en ce sens que le relief joue un rôle de premier ordre dans la répartition totale des pluies sur notre sol français. Les montagnes reçoivent beaucoup plus d'eau que les plaines. Par conséquent, par le fait-même de son altitude (voir paragraphe sur la température), le Confolentais reçoit plus de pluies qu'Angoulême, plus rapproché cependant de l'Océan Atlantique. Ou peut s'en rendre compte par le tableau ci-dessous :

Hauteur de pluie tombée pendant l’année 1913 à Angoulême et à Confolens :





ALLOUE - L'orage approche Chez Taury - YM


Dans le Confolentais, il tombe annuellement, en moyenne, 0m60 de pluie. Le mois de mars est, par excellence, le mois despluies. Ce sont les « giboulées de mars». Elles sont caractérisées par la violence du «pluvieux», leur froideur et leur intermittence. Parfois, ces « giboulées» se produisent en avril. Alors la population est joyeuse, car, d'après un dicton : « Pâques mouillé met au grenier beaucoup de blé». L'hiver a des périodes de froid et des périodes de pluie. Il pleut parfois quinze jours de suite. Les rivières débordent, les chemins sont impraticables, les prés inondés. C'est la saison désagréable, triste. Les pluies cessant, c'est le froid qui se fait sentir. Les étangs, les rivières, les mares et les flaques d'eau gèlent, ce qui fait le bonheur des enfants. La température s'adoucissant, il neige. La neige dure peu, quatre ou cinq jours au maximum ; mais-elle est fréquente, beaucoup plus qu'à Angoulême, où on ne la voit que rarement et en faible quantité. Il arrive qu'enété, il passe jusqu'à trois, semaines sans pleuvoir. La population est alors au désespoir pour ses récoltes.

Le tableau ci-dessous donne la répartition des pluies dans le Confolentais pendant l'année 1920 :








Soit, au total, 124 jours. Et il faut remarquer que L'année 1920 n'a pas été une année pluvieuse.


ALLOUE - La Charente au bourg (2014) - YM

ALLOUE la Charente au bourg le 21 mars 2007 - YM


ETAT HYGROMÉTRIQUE  --- NÉBULOSITÉ

Même quand il ne pleut pas, le ciel n'est jamais pur : on y voit des nuages blancs, cumulus et cirrus. Les brouillards sont fréquents, ce qui s'explique par la présence des étangs et des rivières (voir paragraphe concernant la température). Ils ne persistent que dans la matinée, vers midi ils disparaissent; cependant, en hiver, il arrive qu'ils restent toute la journée, mais le plus souvent ils se résolvent en pluie



ALLOUE - Nuages blancs,
au dessus du chemin reliant Rioumort et Gelade - YM


Dans le Confolentais, la rosée est très, abondante par suite de la présence des prairies. Quand la température devient inférieureà zéro degré, cette rosée se congèle sur les feuilles, les brins d'herbe, et on a alors la gelée blanche, malheureusement trop fréquente, car elle cause des dégâts, surtout au printemps, époque où les feuilles, à peine, formées, sont sensibles au froid, où les arbres sont en fleurs. Alors les bourgeons se fanent et rougissent. Pour cette raison, la lune du mois d'avril est appelée « lune rousse » et c'est à elle que l'on attribue les dégâts, alors qu'elle est seulement témoin et non auteur.

Le Confolentais a donc un climat froid et humide. Ce sont là ses deux caractères essentiels. C'est le climat atténué du Plateau Central, duquel il fait d'ailleurs partie. Il est le climat de transition entre le climat continental du Centre et le climat girondin.

Le tableau ci-dessous indique la température maxima et minima, la pression maxima et minima, la hauteur totale des pluies et leur moyenne du mois dans le Confolentais pendant l'année 1920 :





L'année 1920 fut une année moyenne, ni pluies excessives, ni froids rigoureux.



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Arc-en-ciel,
dans le ciel du bourg d'ALLOUE
le long de la Charente (10-2015) -NN


Un arc-en-ciel est un phénomène optique et météorologique (on parle de photométéore) qui rend visible le spectre continu de la lumière du ciel quand le soleil brille pendant la pluie. C'est un arccoloré avec le rougeà l'extérieur et le violetà l'intérieur.
Bien qu'un arc-en-ciel couvre un spectre de couleurs continu, il est courant de distinguer plusieurs couleurs significatives afin de pouvoir mémoriser l'ordre de celles-ci. Isaac Newton découpa arbitrairement l'arc-en-ciel en sept couleurs : rouge,orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet.



VEGETATION SPONTANEE


Châtaignier commun
(Castanea sativa)
Il faut remarquer tout d'abord qu'à l’influence du climat s'ajoute l'influence du sol. A cause de la nature même du terrain où la chaux fait presque complètement défaut, on ne trouve guère dans le Confolentais que des espèces calcifuges comme le châtaigner, le chêne - pédoncule, l'ajonc, le genêt, la bruyère, la digitale, etc. Le voyageur qui traverse le Confolentais est frappé, au premier abord, par la quantité d'arbres et surtout de châtaigniers. Peu de forêts cependant, mais des petits taillis que l'on coupe régulièrement tous les quatre ans. Au milieu de ces « essards», de place en place, des châtaigniers et des chênesénormes. On trouve ces arbres non seulement dans les« essards», mais sur les bords des chemins, des champs et près des habitations : chênede Sauvagnac, chêne de Logeas près Roussines, etc.

Les bois de châtaigniers sont nombreux, chaque ferme en a un ou plusieurs, appelés « bosts», aussi la production en châtaignes est-elle très élevée.

On voit des chênes aux fûts-élancés (chênes de Savignac près de Chabanais), des chênesénormes (chêne de Sauvagnac), des hêtres et desérables. Sur les rives des nombreux ruisseaux s'étend une ligne ininterrompue de saules et de peupliers.

Quel contraste avec la région calcaire du reste du département ! De vastes forêts où se pressent des petits chênes rabougris s'étendent sur les parties accidentées de la contrée : forêt dès Quatre Vaux, forêt de Bel-Air près Chasseneuil, forêt de la Braconne près La Rochefoucauld. Là ou le sol est trop aride, on ne voit que des buissons d'épine noire, des touffes de chardons hérissés d'épines, brûlés par le soleil.



ALLOUE - peupliers à la TULLIERE - YM


ALLOUE - Vérines



Ajonc - Genêts



Dans, le Confolentais, au contraire, c'est la fraîcheur, c'est la: verdeur !



ALLOUE - Fougères à Masmayoux - YM




Un autre trait caractéristique de la végétation spontanée de la région, c'est l'abondance des graminées et leur vigueur. Sur les bords des chemins, on aperçoit partout des touffes épaisses de dactyles et de houque d'un vert sombre. Dans les nombreux pâturages, ce sont les mêmes touffes avec la même puissance de végétation, mais serrées les unes contre les autres. La phléole des prés, le dactyle, le ray-grass, les fétuques et les vulpins s'y pressent et atteignent, au moment de la coupe, plus d'un mètre de hauteur. Ce sont ces plantes qui constituent le bon foin du pays, parfume avec la flouve et les menthes, si abondantes dans les prés. Remarquons que ces graminées sont précisément celles qui aiment l'humidité. Nous ne trouvons point parmi elles des brèmes, herbes à maturité précoce qui envahissent rapidement les prés des pays secs



Dactyle - Fétuque - Houque


Dans le Confolentais, nous remarquons encore l'abondance de plantes auxquelles l'humidité est nécessaire : la centaurée facée, le liseron des haies, le plantain lancéolé, les rumex, les renoncules et bien d'autres encore. Il n'est pas rare même, et ceci est fort regrettable, d'y voir des carex et des joncs en grande abondance.

Liserons




Renoncules
Carex


Citons encore quelques plantes abondantes : en premier lieu la bruyère l'ajonc, le genêt si communs dans nos landes ; puis, les mauvaises herbes, telle que l'ivraie, la traînasse (agrostis tracante), l’arête-boeuf, le coquelicot, qui pullulent dans les blés. Ces mauvaises herbes ne peuvent prospérer que clans les pays où l'humidité est constante. Dans les « groix» jurassiques, elles s'étiolent et meurent au grand avantage de la plante cultivée. Il faut aussi signaler les sureaux, amis des terres franches, que l'on trouve fréquemment dans les bordures des champs, les orties, qui foisonnent le long des haies et des vieux murs et restent tendres et vertes jusque pendant l'été, constituant un élément très employé pour la nourriture des porcs, des canards et des oies. Dans l'Angoumois, elles ne peuvent guère être utilisées qu'au printemps, car en été elles durcissent, semblent desséchées. Citons aussi un trait caractéristique de la flore. Le labiées, telles que la marjolaine, le thym, le manube, la lavande, si communes sur les chaumes calcaires, font ici presque complètement défaut. Par contre, on trouve en quantité les menthes, les lycopes, les épiaires, amies de l'humidité. En somme, les labiées des terrains secs sont absentes dans le Confolentais et les labiées des terrains humides y pullulent.

Les mousses sont très abondantes dans les bois, ainsi que les fougères dont on se sert pour faire la litière des animaux de la ferme. 



Les fougères




Les ronces bleues sont si communes que l'on emploie leurs fruits pour faire des confitures. Les champignons enfin, au printemps, en été et en automne, poussent en grande quantité; si bien que la vente des espèces comestibles constitue un véritable commerce.

Que de verdure fournie seulement par la végétation spontanée !




                                                                                                  M.Leyraud




Source : Etudes Locales Bulletin de la Société charentaise - N°75 - novembre 1927Photos : Nathalie NASCIET, Jacqueline VILLESANGE et  Yves MORINAIS
Photo la Vienne à Confolens : images de Charente - collection alloueblogspot
Planches du nom des fleurs de Gaston BONNIER : collection alloueblogspot
Remerciement à Jacqueline VILLESANGE et Yvette SOULAT



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ALLOUE LE 27 DECEMBRE 1999









Photos : Jacqueline VILLESANGE





ALLOUE - LA CHARENTE 
DANS SON ECRIN DE VERDURE



Le Pont Neuf

La Lande

La Roche

La Roche

Vérines


Photos : YM


ALLOUE - LA CAMPAGNE 
DANS SON ECRIN DE LUMIERE



Massignac

Route de Benest par Gueuche

Massignac

Vers Chez Taury

Vers Chez Taury



Photos : YM



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LE CLIMAT DU CONFOLENTAIS 
PROPICE AU FRELON ASIATIQUE


Le frelon à pattes jaunes (Vespa velutina) est également appelé frelon asiatique. On le rencontre en Asie continentale jusqu’au Nord de l’Inde et dans les montagnes de Chine, zones géographiques où le climat est comparable à celui de la France, ce qui explique que son installation et sa colonisation de nouveaux territoires en Europe a été possible.



ALLOUE - Nid de frelons asiatiques
sur la rive droite de la Charente au bourg




Photos : Nathalie Nasciet pour alloueblogspot





ALLOUE - ARC-EN-CIEL AU DESSUS DU BOURG

ALLOUE CHANTE NOËL

BENEST - LA CHARRETTE

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Communiqué de :
LA CHARRETTE de BENEST





CONTE DE NOËL - LA FÉE DE MAGNERIT

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CONTE DE NOËL 

LA FÉE DE MAGNERIT 

ou la merveilleuse histoire de deux enfants d’Aunac. 



Le coteau de Magnerit touche à l'une de ses extrémités à la commune d'Aunac et, en la contournant en différents points, on arrive à plusieurs autres communes, toutes petites, mais riches par leur sol fertile et les bras vaillants de leurs paysans.

Vers 1640, par un jour de Noël, froid, mais sec et ensoleillé, une enfant blonde et douce, emmitouflée dans ses blanches fourrures, suivait le gai sentier qui longe le coteau. A quelques pas d'elle, son frère, un grand garçon de quatorze ans, le chapeau de travers, la mine éveillée, faisait tourner avec dextérité un roseau très souple qu'il tenait à la main. Depuis un instant, ils marchaient ainsi, insouciants, inconscients, mais heureux de courir la campagne, d'être libres, d'aspirer à pleins poumons l'air pur de la prairie.

Laissons-les cheminer tranquillement et disons un peu qui ils sont et comment va se passer pour eux cette fête de Noëlà la fois si poétique, si mystérieuse, et toujours empreinte de je ne sais quoi qui remet en scène les fées endormies, les baguettes merveilleuses, les esprits gais et malins dont les contes d'antan chantent sur tous les tons les prodiges magnifiques.

Ils sont nés tous les deux à Aulnacq où leur père, Jehan-François de Voluyre,

seigneur de Mortagne et autres places, habitait un fort joli manoir féodal. Ce manoir était construit sur un petit plateau entre Aulnacq et Chenommet. La Charente murmurait à ses pieds et un joli bois de chênes, de buis et de noisetiers le dominait par derrière. La Charente coule toujours paisible dans son lit et le petit bois que nous appelons la Garenne dresse encore ses cimes vertes.au-dessus du petit chemin qui conduit au village de la Côte. Seul, l'édifice féodal a disparu. La tempête révolutionnaire l'avait épargné; un de nos habitants l'a fait démolir, vers 1860, pour en vendre les matériaux. Il n'en reste plus que les souterrains dont les chauves-souris et les crapauds se disputent l'humide abri.


Jehan-François de Voluyre avait épousé, en 1627, Marie Destivalle. Ils eurent un grand nombre d'enfants dont nos deux jeunes gens sont les aînés. Marguerite, un peu moins âgée que son frère, est grande et gentille. Elle eut pour parrain René de La Rochefoucauld, seigneur de Bayers, et pour marraine, sa tante, Marie de Voluyre, dame de Moutonneau. C'est chez cette dernière qu'ils se rendent ensemble pour passer la veillée de Noël. Charles est un robuste garçon, plus fort que gracieux; niais son air est bon, il a déjà l'air brave. Même, parfois, sa soeur le réprimande pour la témérité avec laquelle il franchit les fossés, escalade les buissons.



Ils sont arrivés, sans que Marguerite s'en soit aperçue, à un endroit du coteau où l'on remarque l'orifice d'un creux célèbre que l'on nomme encore, clans notre pays, le creux des fades, mais qui ne fait plus peur à personne. Il n'en était pas ainsi vers 1640. Marguerite de Voluyre, en particulier, en avait une peur bleue. Sa grand-mère, Anne Bouchard d'Aubeterre, lui avait conté maintes fois, en l'endormant sur ses genoux, certain conte très effrayant, dans lequel il était dit qu'un petit paysan, ayant volé deux pommes au prieur de Lichères, avait été enlevé par une vieille et enfoui clans le redoutable creux par la fée vengeresse.

Une autre fois, la bonne Marie Destivalle, sa mère, lui avait dit qu'une jeune fille, au baptême de laquelle on avait oublié de convier la fée maussade, avait été poursuivie, sa vie durant, par ce mauvais esprit et avait dû, pour goûter quelque repos, chercher un refuge dans la tour d'un vieux château où elle était encore, vivant solitairement sous la garde de son ange gardien.

D'un autre côté, un pèlerin, auquel ses parents avaient donné asile, avait raconté devant elle que, près du roi Louis treize, se trouvait un homme redoutable, se rapprochant de Dieu même par la science et le pouvoir. Cet homme, c'était Richelieu. Richelieu savait tout, comprenait tout, devinait tout : « Quand il voulait pénétrer quelque mystère, ajoutait le voyageur, il se retirait dans un cabinet noir, dont il faisait sept fois le tour. Là, il parlait seul, tantôt debout, tantôt à genoux. La reine-mère, qui le haïssait et qu'il avait autrefois confessée, s'était risquée une fois à aller écouter à la porte du mystérieux cabinet. Elle avait entendu des fées faisant siffler leurs baguettes, des gnomes remuant leurs trésors, des sylphes aux voix aériennes, des ondines secouant sur la dalle sonore les gouttes de rosée dont_ elles ruisselaient. Les esprits passaient tour à tour devant le grand ministre, lui apportant les nouvelles des provinces.



« Richelieu sortait du cabinet noir le front plissé, les yeux flamboyants et apprenait à Louis treize, stupéfait, ce qui se passait au pays de France. Même un jour, paraît-il, un nain malicieux avait découvert au cardinal soupçonneux le secret espionnage de Marie de Médicis. Et, sans merci pour elle, sous prétexte de raison d'état, le ministre omnipotent l'avait fait exiler à Blois. » 

Ces chroniques historiques, dénaturées par l'imagination d'un aventurier errant cherchant à escompter la crédulité et l'ignorance de ceux qui l'hébergeaient, avaient impressionné vivement les enfants, et c'est agitée par de telles idées que Marguerite de Voluyre vit soudain apparaître à son regard le terrible creux des Fades. Elle demeura figée à sa place, les yeux fixés, absorbée dans sa terreur.

Tout à coup, une lumière éclatante couvrit le rocher; le terrible creux des Fades devint une magnifique porte cochère dont la clef était d'or, les clous de diamant, les panneaux de lames d'argent. Un oiseau de paradis se posa sur cette clef et la porte s'ouvrit toute grande.

Elle aperçut alors l'intérieur d'un palais féerique. Les murs étaient des glaces; les têtes de cheminées, des fanaux étincelants; les fenêtres, des baies ensoleillées dont les rideaux étaient faits de nuages bleus argentés. Des oiseaux au plumage brillant volaient en chantant, et les fées, comme des ombres, glissaient sur les mosaïques roses des parquets. Elles étaient vêtues de robes rouges à paillettes d'or. Leurs baguettes magiques les suivaient partout; leurs fronts, couronnés de roses, étaient sereins et leurs bouches souriantes.

L'une d'elles, soulevant, avec une branche de lilas blanc, une draperie étoilée, se montra soudain toute blonde et toute rieuse. Elle jeta autour d'elle un regard inquisiteur qu'elle arrêta sur la « damoiselle d'Aulnacq». En même temps, une voix douce comme une, caresse murmura : « Approchez, mes enfants; je suis la fée du Coteau, douce et bienfaisante. Ma vie se passe à réparer le mal que font les méchants et à avertir les hommes des dangers qui les menacent. J'arrive du ciel où Dieu m'avait appelée. Voyez, il m'a mis au front une étoile, marque de la confiance qu'il m'accorde, et, au coeur, tout son amour pour le répandre sur les êtres des lieux où s'exerce mon pouvoir. En plus, il a rempli ma baguette magique de cadeaux de Noël pour les enfants, et c'est par vous que je vais commencer ma distribution. Allons, tendez la main. »

Alors la bonne fée, saisissant gracieusement la flèche d'or qui traversait ses cheveux blonds, en toucha légèrement la main tremblante des deux frères. Aussitôt une harmonie céleste emplit l'air, un tourbillon de roses effeuillées tournoya un instant et s'envola dans un nuage. La fée du Coteau avait disparu et les enfants deVoluyre considéraient, étonnés, le cadeau qui venait de leur être fait d'une si étrange façon. Ils avaient reçu chacun un oeuf rouge avec cette inscription en lettres d'or : « A ouvrir demain matin. »


Charles
et Marguerite cachèrent soigneusement leur cadeau et reprirent, tout songeurs, leur promenade interrompue.

Quand, le lendemain, ils prirent congé de la dame de Moutonneau, leur tante, ils avaient hâte d'arriver à Aulnacq pour ouvrir les oeufs merveilleux. C'est d'une main tremblante que Marguerite brisa le sien. Il s'en envola aussitôt une petite colombe blanche sur l'aile de laquelle la fée avait écrit : « Suis-moi. >> Et, par de petits cris, par des mouvements réitérés, impatients, elle appelait sa jeune maîtresse. L'enfant curieuse la suivit. L'oiseau traversa les vastes cours, les sous-sols, les corridors sombres, gravit l'escalier tournant d'une tour étroite et s'arrêta enfin sur un palier obscur. De lourdes portes bardées de fer conduisaient à des prisons ou l'on enfermait parfois des ennemis et des malfaiteurs. La colombe courut à la porte la plus épaisse et gémit douloureusement. Une plainte humaine répondit.

Marguerite de Voluyre s'était bien aperçue que son père avait des prisonniers; mais c'étaient généralement des captifs de guerre qu'il gardait fort peu de temps et la voix qu'elle entendait était une voix d'enfant, une voix jeune et désespérée.

L'oiseau toucha du bec, en gémissant toujours, les gonds rouillés de la massive porte qui, lentement, glissa sur la pierre humide et laissa béante l'ouverture du cachot. Alors une spectacle navrant s'offrit aux yeux de mademoiselle de Voluyre : Sur un escabeau de bois, une jeune fille de son âge, belle comme elle, pleurait amèrement. Ses cheveux blonds et fins tombaient, sans culture, sur ses minces épaules, encadrant sa figure d'un très bel ovale. Ses yeux noirs, agrandis par la souffrance, brillaient clans l'ombre du cachot.

La jeune Marguerite fut tirée de ses réflexions par la joie subite qui succéda aux larmes de la prisonnière. Elle pressait sur sa poitrine le cher petit oiseau qui la sauvait et, entre l'enfant et l'oiseau, c'était un échange, touchant de tendresses infinies.

« Ma tourterelle mignonne, comment es-tu venue ? Qui t'a révélé ma prison? Qui l'a ouverte pour me rendre à la liberté? Car je suis libre, n'est-ce pas, noble demoiselle ? C'est injustement que je suis ici. Votre mère est bonne, dit-on; n'a-t-elle point encore obtenu grâce pour moi ? Nous n'avons pas caché de récoltes, comme on l'a dit à votre père. Votre intendant a prélevé la part de son maître et l'a gardée, sans doute. Messire Gros, le vicaire, a pris aussi la sienne. Je vous le jure, il ne nous reste rien. »

Marguerite, surprise et attristée, écoutait. Elle se ressouvint alors de la fée du Coteau et de ses paroles : » Ma vie se passe à réparer le mal que font les méchants », et la lumière se fit dans son esprit. L'esprit bienfaisant se servait d'elle comme d'un instrument pour faire le bien. Et, heureuse du rôle qui lui était dévolu, elle prit la prisonnière par la main et l'entraîna dans les appartements du haut et puissant seigneur d'Aulnacq. Celui-là se trouva courroucé à la vue de sa fille donnant la main à sa captive. Mais sa colère tomba soudain devant le sourire de l'une et les larmes de joie de l'autre. On lui conta l'histoire et la colombe, toujours investie du pouvoir de la Fée, se mit à voleter, faisant signe au seigneur de la suivre.

Elle le conduisit dans un des souterrains du château où l'infidèle intendant cachait le fruit de ses vols. Justice se fit. L'intendant prit, dans le cachot, la place de la jeune fille qui, cachant son oiseau dans son sein, courut au vieil Aulnacq, dans une pauvre masure où son arrivée remplit de joie sa malheureuse famille. Thoinette Durand, sa mère, la reçut dans ses bras et écartant ses cheveux d'or, dit, en la baisant au front : » Enfant bénie, avec toi revient le bonheur. Il est bien vrai, allez mes petits, que les rêves que l'on fait- pendant la nuit de Noël se réalisent sûrement dans la suite. J'ai rêvé, moi, qu'un ange délivrait votre soeur et la voilà de retour. »



Revenons maintenant au seigneur Jehan de Voluyre. Le récit de sa fille l'avait fort ému et c'est tout rêveur qu'il descendit au grand salon de réception où plusieurs hauts personnages l'attendaient. Il les trouva tous très attentifs au récit que le jeune Charles leur faisait au sujet de l'oeuf rouge qu'il venait d'ouvrir.

Au moment où il l'avait brisé, il en était sorti une épée magnifique, dont la lame longue et effilée était faite de l'acier le plus pur. Rien qu'à voir son tranchant brillant, on se sentait frissonner. La poignée était d'or. Autour d'elle s'enroulait avec grâce une branche de chêne dont les feuilles, qui étaient d'argent, portaient chacune une inscription. On y lisait : Que je te serve à défendre le faible ! — Blesse-toi et tu sauras ce que les autres sentent. — Le règne du fort finira s'il persécute le faible. — Le serf et le seigneur sont fils de Dieu. — Le riche et le pauvre sont les rois de la terre. — Le grain de blé appartient à l'oiseau et au laboureur. — Sous le vieux sol gaulois, la liberté fermente. Le paysan servile deviendra tigre au jour de la revanche. — Quand le jus du raisin bout, le fût vole en éclats, etc., etc…



A mesure que l'enfant parlait, le silence se faisait plus profond. Les vieux châtelains se dressaient plus graves dans leurs grands fauteuils; madame Suzanne de La Rochefoucauld replaçait ses vertugadins; messire Corgnol, seigneur de Courcôme, secouait nerveusement sa lourde perruque poudrée, tandis que Charlotte des Coubleaux, quittant irrévérencieusement sa place, s'approchait de l'enfant de Voluyre pour admirer la belle épée.

<< Que pensez-vous de cette aventure, puissants seigneurs ? Qu'a voulu faire la fée du Coteau ? Que veut-elle nous prédire par ces inscriptions ? Un orage nous menace-t-il ? Quelque malin esprit se moque-t-il de nous ? s'exclama subitement monseigneur Louys de La Rochefoucauld. — Il me semble voir l'avenir gros d'orages, soupira la demoiselle de Cherge. — Le paysan opprimé va peut-être relever la tête ? insinua Philippe de Corgnol. Faisons des dons aux églises pour apaiser le ciel. Laissons le laboureur jouir de sa récolte. Partageons nos biens avec les pauvres. » Chacun exprimait sa pensée. Seul, le vicaire d'Aulnacq n'avait rien dit. « Que pense de cela messire Gros ? objecta Marie Destivalle. — Noble dame, répondit le vicaire, le noble est fort de son droit et les biens dont il lui plaît de disposer appartiennent à l'église. Dieu le veut ainsi, parce que son ministre, côtoyant la misère, peut mieux la soulager. » Charles de Voluyre, prenant alors une coupe de maître Palissy, recueillit les offrandes et les déposa entre les mains du vicaire.



Pendant les jours qui suivirent, on s'étonna, au pays d'Aulnacq, des libéralités du vicaire et du seigneur. Marie Destivalle et ses filles, cédant à leur nature généreuse, distribuaient l'or à pleines mains. Mais, peu à peu, le temps jeta sa poussière sur les inscriptions de l'épée. Jehan de Voluyre les oublia, redevint absolu et sévère. Il réprimanda même son fils Charles qui paraissait trop s'en ressouvenir.

Mais, quoi qu'il ait pu dire, l'enfant avait été frappé et chaque fois qu'il rencontrait un jeune paysan de son âge, suant sur son travail, il regardait en soupirant ses mains trop blanches; le rouge de la honte lui montait au front, tandis qu'il murmurait tout bas : « Pourtant il est mon frère, la Fée l'a mis sur mon épée. »



Quant à Marguerite, elle donnait aux pauvres ses riches vêtements dans lesquels elle n'était plus à l'aise, cueillait les fleurs de ses parterres et les partageait entre la chapelle de son château et les jeunes filles de ses domaines. Elle ne rencontrait jamais la jeune fille qu'elle avait délivrée sans lui faire l'aumône d'un doux regard et d'une bonne parole.

Marie Destivalle, depuis la Noël la Fée du Coteau s'était manifesté à ses enfants, ajoutait chaque soir une prière de plus à ses longues oraisons. 




                                                                                         Mme M-L LAMIAUD

                                                                                                Institutrice

                                                                                            Décembre 1920









CPA : collection privée
Source : Etudes locales. Bulletin de la Société charentaise des études locales



Sorcellerie à Champagne-Mouton :

http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/2014/07/sorcellerie-champagne-mouton.html

METEOROLOGIE POPULAIRE CHARENTAISE

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François VINCENT inscrivait sur son registre météorologique, la météo quotidienne du Prat à ALLOUE , où il résidait. C’était son hobby, mais pas simplement un hobby, comme tout agriculteur soucieux de ses récoltes, François avait un don, devrait-on dire une connaissance et une pratique de la prévision du temps, qui contredisait souvent les prévisions des stations météo. Ses prévisions, il les scrutait dans le ciel chargé de cumulus ou autres nimbus, dans l’air du Prat, dans la lune, au lever et au coucher du soleil, dans le comportement des oiseaux et de ses animaux de basse-cour , le grincement habituel d’une porte à l’approche d’un changement de temps et bien sûr celui de ses os et de ses vieilles douleurs.

Toutes ces constatations, vérifiées par nos ancêtres, donnèrent naissance à une multitude de dictons populaires, à valeur de pronostique météorologique et parfois, ou souvent, contredit d’une région à une autre, laissant ainsi le loisir à chacun de faire "sa pluie et son beau temps ".
Voici donc réunis par Marc LEPROUX pour les Études Charentaises en 1969, les maximes de la "météorologie populaire charentaise" du mois de Janvier .





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METEOROLOGIE POPULAIRE
EN CHARENTE


JANVIER

C'est le premier mois de l'année. Il est naturel que de nombreuses remarques viennent nous éclairer sur ce que sera cette année nouvelle. Dès le début, on constate que les jours ont allongé :

A la guillaneue                                                    « Au gui l'an neuf (1er janvier)

« D'un pas de boeu. »                                        « D'un pas de boeuf.
»  

(Ruffecois

A Agris et La Rochette, on prononce :

« A la guillanû 


« D'un pas de . » 

On dit aussi :« Pour le premier de l'an

« D'une aune de ruban. » 


Toujours à Agris, on dit :

« A la Saint-Antoine

« D'un pas de moine. » (1943) 


A Vibrac, ce même proverbe devient :

« A la Saint-Antoine

« Le jour croît comme la barbe de moine. » 


A Rouillac,

« Au premier de l'an

« D'un pas de jhement. » 


A Eymouthiers,

« Par Nadao                                                                       « A Noël

D'un pié de jao                                                                  « D'un pied de coq

« A la guilhonio                                                                « Au gui l'an neuf

« D'un pié de bio                                                           « D'un pied de boeuf. »

Dans le Cognaçais, on ajoute :

« A la Sainte-Luce, d'un pas de puce. »


Partout, s'il fait mauvais temps le premier jour de l'année, c'est un mauvais présage, car :

« Le mauvais an

« Entre en nageant. »

Il est souhaitable, en effet, que janvier soit un mois sec, car 


« Janvier d'eau chiche

« Fait le pésan riche. »

Ce qui s'exprime encore de différentes manières, comme : 


« Quand sec est janvier

« Ne doit se plaindre le fermier. »

ou bien

« Quand il ne pleut pas en janvier,

« Il faut étayer le grenier. » (La Rochefoucauld, Agris.)

ou bien

« Janvier géla                                                                   « Janvier gelé

« Annédo de bla. »                                                         « Année de blé. »

(La Rochette 1930 — Confolentais 1946)

A Sainte-Colombe, on dit :


Janvier ferra. »

Pourtant, il ne faut pas que le beau temps se prolonge car


« Hiver trop beau

« Eté sans eau. » (Sainte-Colombe).

L'orage est tout aussi redouté : 


« Orage en janvier

« Et l'hiver est avorté. » (Rouillac - Barbezieux 1943).

Il est possible, du reste, d'être fixé assez tôt, car

« Tel jour de Circoncision

« Tel mois de moisson. »

et« Gelée à la Saint-Maur

« Met la moitié de l'hiver dehors. »

De même,

« A la Saint-Vincent (22 janvier)

« L'hiver s'en va ou reprend »

ou« S'il gèle à la Saint-Vincent

« L'hiver monte ou descend. » (Agris Vibrac 1943.)

A Vibrac,

« Saint Julien brise la glace

« S'il ne la brise, il l'embrasse. »

On dit encore :

« S'il gèle à la Saint-Sulpice
« Le printemps sera propice. »« S'il gèle à la Saint-Sébastien

« La mauvaise herbe retient. »

« A la Saint-Sébastien, l'hiver reprend ou se casse les dents. »


A Roumazières, les six premiers jours de l'année reflètent le temps qu'il fera les six premiers mois. A Bréville, où ces six jours sont appelés les « agets», les avis sont partagés. Certains prétendent que ce sont les six derniers jours de l'année, d'autres que ce sont les douze premiers, qui décident du temps pour le premier semestre de l'année.



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Dans notre région. beaucoup de proverbes se rapportent à la culture de la vigne. 

« Saint-Antoine sec et beau

« Rempli cuves et tonneaux. »

(Rouillac . Barbezieux - La Rochefoucauld.) 


Un peu plus tard, il se confirme qu'avec

« Saint-Vincent clair et beau

« Plus de vin que d'eau. »

Ce qui s'exprime encore de la manière suivante :

« Quand soleil luit à Saint-Vincent

« Le vin monte au sarment. » (Agris - La Rochefoucauld.) 


Mais

« S'il tonne en janvier

« Tonnes au fumier. » (Rouillac - Barbezieux 1943.) 


ou « Tonnes au grenier. » (Eraville 1942, Vibrac 1945.)





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Photos : YM
Etudes Charentaises Janvier, Février, Mars 1969 : collection alloueblogspot




Météorologie populaire Charentaise :



ALLOUE AUTREFOIS

ALLOUE AUTREFOIS

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EN AVION AU-DESSUS DE ... ALLOUE

ALLOUE AUTREFOIS - ANAÏS ET ANDRE

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